
Plus de gaz pauvre mais du riche qui risque de coûter cher
Utilisateurs de gaz naturel, vous voilà prévenus : d’ici à 2030, vous serez tous alimentés en gaz riche. L’idée vous parait séduisante ? Malheureusement, en pratique, elle l’est beaucoup moins.
La nouvelle fait grand bruit dans le secteur de l’énergie : bientôt, il ne faudra plus compter sur le gaz naturel importé des Pays-Bas. Est-ce une bonne nouvelle pour la Belgique ? Non, pas vraiment. Aujourd’hui, dans notre pays, 1,6 million des ménages sont toujours tributaires de cette énergie pour se chauffer et/ou cuisiner. Peut-être est-ce d’ailleurs votre cas. Si les autorités ont bien sûr réfléchi à un plan pour remédier au problème, il n’en reste pas moins que celui-ci a un coût. Notamment pour les consommateurs.
Le gaz naturel des Pays-Bas, qu’a-t-il de particulier ?
Depuis longtemps, l’une des richesses des Pays-Bas est son gisement de Slochteren, dans la Province de Groningen. Grâce à lui, le Royaume alimente plusieurs pays en gaz, dont le nôtre depuis 1966. Ne bénéficiant d’aucune ressource en gaz naturel, nous sommes obligés d’en importer.
Partant de ce constat, nos échanges avec les Pays-Bas sont évidemment les bienvenus. Ceci étant dit, nous faisons également venir ce type de combustible de Norvège, du Royaume-Uni ou encore du Qatar. Ces différentes collaborations nous permettent non seulement de satisfaire la demande nationale mais surtout de diversifier nos sources d’approvisionnement en gaz. Une précaution importante pour être le plus indépendant possible en matière d’énergie mais qui nous conduit aujourd’hui à une situation délicate : notre réseau est alimenté par deux types de gaz.
D’un côté, nous trouvons le gaz L, originaire des Pays-Bas et représentant un tiers de la consommation belge. De l’autre, le gaz H, provenant des autres pays. Ce qui les distingue ? Leur pouvoir calorifique. Le H contenant davantage d’azote que le L, il est qualifié de riche. Et le L, forcément, de pauvre. Ne pouvant pas être mélangés dans une même conduite, ils couvrent, comme le montre la carte ci-dessous, des zones distinctes.

Le problème ? Les Pays-Bas ont annoncé l’épuisement proche de leurs réserves avec pour conséquence, la fin des exportations d’ici à 2030. En sachant qu’à partir de 2024, le pays ralentira déjà le rythme, le manque de combustible qui sévira chez nous est facilement imaginable. Contrainte de l’éviter, la Belgique a donc prévu un plan pour, à terme, pouvoir accueillir du gaz H sur tout le territoire.
Des travaux conséquents mais prévus sur la durée
La solution trouvée ? Adapter au gaz H les centaines de milliers de connexions au gaz L. Dans la pratique, cela se traduit par la réalisation de travaux à trois niveaux :
- Au niveau des infrastructures de transport : Fluxys, le gestionnaire du réseau de transport de gaz, devra renforcer le réseau et procéder aux modifications nécessaires pour assurer une transition optimale entre les deux types de gaz.
- Au niveau des réseaux de distribution : le gaz riche devant être acheminé à une plus faible pression que le pauvre, les GRD auront pour tâche de diminuer la pression dans les conduites concernées. En parallèle, ils devront, dans certains cas, modifier le régulateur de pression au niveau du compteur de gaz du client ou de la cabine de quartier. Au vu de l’ampleur de la tâche qui les attend, les GRD suivront un calendrier précis, étalé de 2018 à 2029, pour procéder aux différents changements.
- Au niveau des appareils domestiques (chaudières au gaz, grands chauffe-eau, cuisinières, etc.) : si la majorité des appareils au gaz vendus après 1978 sont, en principe, compatibles avec le gaz H, ils devront malgré tout être vérifiés par un technicien habilité. Sécurité oblige car certains devront être adaptés afin de pouvoir continuer à fonctionner correctement après la conversion. Quant à ceux jugés incompatibles, ils devront purement et simplement être remplacés. Ce sera a priori souvent le cas des plus vieux équipements ainsi que de ceux achetés à l’étranger. Par ailleurs, les pouvoirs publics recommandent de combiner cette vérification au contrôle périodique obligatoire de la chaudière au gaz.
Êtes-vous concerné par la conversion du gaz L en gaz H ?
En Belgique, un consommateur sur deux est déjà approvisionné en gaz riche. Concrètement, les clients qui ne le sont pas encore sont principalement situés au nord du pays (122.000 points de connexion en Wallonie, un million en Flandre et un demi-million à Bruxelles). Dans le détail, il s’agit de l’intégralité de la Région bruxelloise ainsi que dans la Province d’Anvers, dans le Brabant flamand et dans le Brabant Wallon. À elles s’ajoutent une partie du Limbourg et certaines communes des Provinces de Liège, du Hainaut et de Namur.
Si vous désirez découvrir ce qu’il en est dans votre cas précis, vous serez ravi d’apprendre que cela est possible en entrant votre code postal sur le site Le gaz change. Mis en place notamment par le SPF Économie et Synergrid, il rassemble de nombreuses informations utiles aux particuliers comme aux professionnels, telles que les éventuelles démarches à effectuer.
Quels coûts devront supporter les consommateurs concernés ?
Concernant les frais techniques liés au passage du gaz L au gaz H, les consommateurs ne devraient, en théorie, supporter aucun surcoût. Fluxys ainsi que les gestionnaires de réseau ont en effet déjà pris en compte dans leurs plans d’investissement respectifs les travaux qu’ils auront à assumer. Si le GRD actif dans votre commune se rend ainsi à votre domicile pour effectuer un réglage, pas d’inquiétude : vous n’aurez rien à payer. Pour financer les autres coûts d’adaptation, un fonds national devrait être créé mais pour le moment, il faut avouer que sa mise en place reste assez floue.
Par contre, la gratuité pour les clients s’arrête là. En effet, c’est aux utilisateurs à faire appel à un technicien pour contrôler leurs installations au gaz et donc à payer l’intervention. De même, s’il s’avère qu’une d’entre elles doit être adaptée, ils devront mettre la main au portefeuille. Selon les GRD, cette opération leur coûtera au total entre 0 et 150 euros pour un à trois appareils. Enfin, en cas d’installation incompatible, ce sera au consommateur d’en racheter une. Reste alors à se renseigner sur les aides régionales et les primes énergie afin de ne pas grever son budget.
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